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***Le film de Yann Arthus-Bertrand est gratuitement, en ligne est le lien est http://www.youtube.com/user/homeproject

***Je vous à participer à l'initiative du site http://www.mygreenfinger.org/, c'est une pétition pour les prochaines négociations sur le changement climatique qui auront lieu à Copenhague (négociations pour la suite du protocole de Kyoto)

***Pour voir toutes les photos, voici le lien ; http://picasaweb.google.com/eallais

*** Pour une visite de l'état écologique du sud de la Serbie, je vous conseille d'aller sur le lien suivant, la ville Leskovac, http://fr.youtube.com/watch?v=dgn1e2Xc6J0


***Info pour les backpackers, allez voir la communauté couchsurfing, c'est très intéressant

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***Si vous souhaitez avoir plus d'informations sur l'actualité des Balkans, je vous conseille le site suivant (entièrement en français) : http://balkans.courriers.info/


mardi 18 août 2009

Le festival EXIT...


Me voilà sur le site du festival EXIT dans la vieille forteresse de Novi Sad, ce qui donne un charme fou à ce festival...

Et des concerts à tout va, Patti Smith, The Prodigy, Artic Monkeys, etc.
Pour les amateurs, voici quelques photos :



Les concerts étaient supers, pleins d'artistes locaux et internationaux... Chouette programation...

Mais voilà, je souhaite partager un point de vue que j'ai eu le temps de partager avec une amie, Béatrice, qui a écrit un article dans courrier des Balkans... (http://balkans.courriers.info/article13417.html)

Le Courrier des Balkans
Exit 2009 : festival militant ou industrie du spectacle ?

De notre envoyée spéciale à Novi Sad

À ses débuts, le festival Exit de Novi Sad était un exemple de révolte populaire spontanée contre le régime de Milošević. En juillet, la manifestation a fêté ses dix ans. Avec un public massivement britannique et une programmation très diversifiée avec toujours de grands noms, comme Patti Smith, Moby, Prodigy... L’identité du festival organisé sur la forteresse de Petrovaradin, au bord du Danube, a bien changé. Ses organisateurs, pourtant, se proclament toujours militants. L’enquête de notre envoyée spéciale.
Texte & Photos : Béatrice André


Le public danse durant le concert de Trio Mocotó, venus de Sao Paulo au Brésil
« Je suis déçu de ce festival », explique Igor, de Travnik, en Bosnie. « J’ai entendu beaucoup de bien d’Exit, et je ne m’attendais pas à me trouver au milieu d’une foule d’Anglais, qui peuvent plus se permettre de se payer se festival que les régionaux… » Une foule hétéroclite s’avance sur le pont entre Novi Sad et Petrovaradin, la vieille ville où se déroulait Exit, du 9 au 12 juillet, le festival de musique le plus important des Balkans. Sur les 100.000 participants, les britanniques sont nettement majoritaires : chaque soir, ils représentaient la moitié des entrées en 2008, contre un quart de Serbes et un autre quart de participants venus de la région et du reste du monde.

« Nous ne pouvons pas voyager pour voir le monde à cause de la question des visas, explique Sagor Mešković, responsable marketing et relations presse du festival. Alors nous avons décidé de faire venir le monde ici, en Serbie ! » Cet argument semble faire mouche : les Serbes apprécient, le temps d’un festival, de recevoir la visite de milliers d’étrangers, qui ne seraient sans doute jamais venus sans ce festival.

Et l’organisation met le paquet : la forteresse de Petrovaradin, qui date du XVIIe siècle, juste en face de Novi Sad, est parsemée de 27 scènes, où se donnent pendant 4 jours plus de 500 concerts. Avec une telle programmation, difficile de faire son choix quand 27 concerts se jouent en même temps, de 19 à 4 heures du matin.

L’événement, massif, attire des jeunes de partout et bénéficie en général d’une très bonne réputation, Mais il suscite aussi des critiques du public. « Je ne comprends pas comment ce festival a pu être élu à plusieurs reprises meilleur festival d’Europe », constate Marta, une jeune Polonaise qui vit à Novi Sad. « J’y suis allée, me suis bien amusée, mais je n’y retournerai pas ».

Révolution


Concert de Trio Mocotó
La programmation vise un public diversifié, vu les genres de musiques représentés : musique du monde, techno, reggae, rock indépendant, punk et hip hop. « Vu le nombre de scènes, les groupes n’ont pas le monopole, ils doivent se battre pour attirer l’attention du public. » Le choix des artistes est fait dans un esprit spécifique : « Les artistes choisis doivent tous être des révolutionnaires dans leur genre. Ils doivent bouger les frontières, être les plus indépendants possible des grosses maisons de disques. Comme Prodigy, par exemple », explique Sagor Mešković. Cette année de grands noms jouent sur la grande scène, dont Madness, Moby, Etienne de Crécy, Kraftwerk, et Patti Smith, « la grand-mère du rock ».

« Veuillez m’excuser d’arriver aussi sale. Nos bagages ont été bloqués à Rome depuis six jours donc nous n’avons pas changé d’habits depuis… », explique-t-elle quand elle entre dans la salle de conférence de presse. Elle apporte une aura, on sent sa présence. Avant d’aller jouer sur la plus grande scène du festival, elle déclame un poème aux journalistes, en faisant claquer sur le parquet les talons de ses santiags.


Patti Smith joue en acoustique en conférence de presse
« Le pouvoir est aux mains des gens, même si parfois nous savons que cela n’aboutira pas, il faut continuer à montrer que nous sommes là, que nous voyons ce qui se passe et que nous ne sommes pas des moutons. » Mais la grand-mère du rock sonne un peu comme un Ovni, dans un événement qui ressort plus de l’industrie du spectacle.

Fiers d’être militants

Le festival représente une certaine fierté en Serbie et il est devenu l’image de marque de Novi Sad. Exit a débuté comme une manifestation politique : organisé pour durer deux semaines, il a attiré tellement de monde lors de sa première édition, à l’été 2000, que les organisateurs -trois étudiants qui s’étaient fait renvoyer de l’université pour leurs idées trop dissidentes -, ont rallongé la programmation pendant un mois entier. Le dernier concert, l’apogée du festival, rassemblait plus de 20.000 personnes. Elles criaient ensemble « Gotov Je, gotov je ! », « il est fini », à l’adresse de Slobodan Milošević, que les élections allaient balayer quelques semaines plus tard, après le scrutin présidentiel du 24 septembre 2000.


Concert des Orthodox celts, rock et musique irlandaise, sous la pluie
Le souvenir est souvent raconté par ceux qui ont connu cette époque. Les organisateurs, le même trio depuis 2000, ne sont plus des étudiants mais des hommes d’affaires : ils ont refusé de vendre le festival à plusieurs reprises, même contre plusieurs millions d’euros, conscients du potentiel financier de l’événement. C’est le lot de beaucoup de festivals, que l’on ne dit plus aussi authentiques qu’à leurs débuts.

Le problème, c’est que celui-ci se proclame toujours militant, comme l’explique Sagor Mešković, chargé des relations presse. « Cette année, nous faisons la guérilla verte, au lieu de revendications politiques, nous promouvons la protection de l’environnement. Nous espérons que tous ces jeunes retiendront le message pour le transmettre. »

La « guérilla verte » financée par une compagnie de pétrole

Le thème du festival choque, quand on voit le résultat sur le terrain. Le message écolo semble être un échec total : à 3 heures du matin, la forteresse de Petrovaradin ressemble à un grand labyrinthe de verres en plastique, de cartons, de tracts et d’objets publicitaires divers, distribués à tous les virages et tunnels de la forteresse. L’espace réservé aux ONG, réminiscence d’un soi-disant esprit citoyen et militant, distribue des tracts sans compter.


60 tonnes de déchets sont ramassés chaque jour sur le festival
Ernest, d’une ONG participante, explique : « chaque jour, 60 tonnes d’ordures sont ramassées par les services de nettoyage du festival. Un exemple écologique ! », ironise-t-il. « Nous avions un quota de flyers à ne pas dépasser, pourtant je suis sortie du festival en marchant sur un tapis de tracts », explique Emmanuelle, volontaire française dans une association écologiste de la ville.

Le nom des sponsors fait encore plus effet : parmi eux, figure la Naftna Industrija Srbije, compagnie nationale de pétrole (récemment rachetée par la compagnie russe Lukoil), qui bombarde le festival de ses posters et tracts « Have fun and recycle », « amuse-toi et recycle », pour faire la campagne de son nouveau carburant écolo, « Euro Diesel, moins chargé en souffre pour sauvegarder notre environnement ». Le concept porte un nom : c’est de l’éco-blanchiment (Greenwashing). Il s’agit d’une action publicitaire, que certaines entreprises utilisent pour promouvoir une image écologique de leur société, à la place de réelles actions en faveur de l’environnement.


« Have fun and recycle », le slogan de la compagnie de pétrole NIS, sponsor d’Exit.
Interrogée sur le paradoxe d’une démarche écologique de la part d’une entreprise de pétrole, une employée de NIS répond : « Je vois exactement de quoi vous voulez parler, mais c’est mieux que rien, nous préparons l’avenir de nos enfants ». Très vite, ses responsables l’invitent poliment à mettre fin à la conversation...

Le porte-parole du festival expose un autre point de vue : « nous devons travailler avec des entreprises d’État, sinon nous devrions tout arrêter, nous n’aurions pas assez d’argent. Si tu veux être Robin des Bois, tu ne peux pas y parvenir seulement avec de la bonne volonté… Tu dois être assez intelligent, assez sage pour faire les bonnes choses », justifie Sagor Mešković. « Ce sont toujours les actes qui comptent, en dépit des intentions… Il faut parfois faire des compromis… D’ailleurs, nous sommes fiers de faire des compromis, car les compromis mènent au succès. Savez-vous combien d’entreprises voudraient que le festival porte leur nom ? Je ne les compte plus. Nous refusons aussi chaque année de vendre des cigarettes sur le festival, pour ne pas promouvoir le tabac. Donc croyez moi, une compagnie de pétrole, ce n’est pas si mal… »

Un festival réservé aux privilégiés

Pour Mark, d’Irlande, « Exit n’est pas Exit, puisqu’on ne peut pas en sortir ». Effectivement, malgré des badges à codes barres et photos, une fois rentré, il n’est plus possible de ressortir. L’explication des organisateurs : « Imaginez, tous ceux qui entreraient gratuitement, ce serait ingérable ». Il n’est pas non plus autorisé d’apporter boissons ou nourriture, l’option restante étant de consommer sur place…

Sagor Mešković : « Nous avons des raisons de refuser la nourriture sur le festival, et elles ne sont pas financières. Qui sera accusé si quelqu’un est empoisonné à cause de la nourriture ? Nous devons garder le contrôle sur ce qui entre dans l’enceinte du festival, cela concerne les armes, la nourriture, et les boissons. »


Moins chers que dans l’enceinte du festival, les stands de sandwichs et de boissons fleurissent dans les vieilles rues de Petrovaradin
Maria, journaliste venue de Roumaine, a une autre vision de la chose : « De 19 heures à 4 heures du matin, s’il est interdit d’apporter ses boissons ou sa nourriture, alors les festivaliers doivent acheter des produits vraiment chers pour la Serbie ».

Le festival semble être un succès financier. Gratuit la première année, les prix ont grimpé, et il faut désormais verser 150 euros pour un pass de quatre jours, si l’on ne s’y prend pas plusieurs mois en avance. Les catacombes, autrefois ouvertes, sont bloquées par de grosses barres de fer, pour empêcher tout accès gratuit à la forteresse.

« Nous sommes toujours financés par les ministères de la Culture, des Finances et de l’Environnement. La province de Voïvodine et diverses entreprises et fondations nous soutiennent aussi. Tous les ans, notre objectif financier est d’avoir suffisamment d’argent pour organiser le festival de l’année suivante », explique Sagor Mešković.

« Le mensonge culturel et commercial serbe »

La ville de Novi Sad, elle aussi, a mis la main à la poche. Tellement, que cette année le seul lieu culturel alternatif de la ville, Art Klinika, a dû arrêter sa programmation, ateliers, projections de films et expositions, faute de financements municipaux. Leur site Internet est marqué des inscriptions en rouge « Faillite » : « Art Kilinka annonce l’arrêt de toutes ses activités régulières. Nous sommes en stand by, faute de finances. » De multiples débats ont eu lieu, ainsi que des pétitions pour dénoncer le fait que les 50 millions de dinars (534.700 euros) versés à Exit n’ont pas été partagés entre plusieurs structures. Une pétition, signée par les artistes et les visiteurs d’Art Klinika a été envoyée à la mairie. Elle affirme que « la mairie donne délibérément la priorité aux loisirs et au lieu de soutenir le développement de l’art et de la production artistique. »

Présent lors du débat, le réalisateur Želimir Žilnik, directeur de Terra Film, s’indigne : « La municipalité est entrée dans un nuage gris qui plane au dessus de la Serbie et qui s’appelle « le Mensonge culturel et commercial serbe ». Exit est un festival commercial et leurs profits sont énormes », a-t-il souligné.

Dejan Ačanski, habitant de Novi Sad, regrette la mort d’Art Klinika. « Pour moi, Exit est du divertissement, c’est tout sauf de la culture. Alors prétendre couper les fonds d’un lieu culturel très actif faute de finances relève pour moi d’une jolie boutade. »

Le festival Exit pourrait-il perdre son coté militant, pour ne devenir qu’un business ? « Bien, sûr, c’est possible, conclut Sagor Mešković, mais aucun d’entre nous ne le souhaite. Nous voulons rester en Serbie, nous ne sommes pas immunisés contre les problèmes du pays, comme n’importe quel jeune d’ici ! Nous voulons parvenir à faire changer cet endroit, et si ce festival peut y contribuer, nous devons le faire ! »

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